29 septembre 2008

NIGER : Démission du colonel Ibrahim Yacouba !

Elu à l’unanimité à l’issue d’un scrutin libre, démocratique et transparent le 26 janvier 2008 pour un mandat de 4 ans, le colonel Ibrahim Yacouba n’est malheureusement resté que 9 mois au perchoir de la Fédération nigérienne de basket-ball. Dans une lettre datée du 1er septembre 2008, adressée au ministre des Sports, le colonel Ibrahim Yacouba décide souverainement de démissionner pour écrit-il, « convenance personnelle ». L’acte est inédit au Niger, car c’est pour la 1ère fois qu’un président démocratiquement élu d’une fédération sportive nationale décide de jeter l’éponge sans pression politique ou une crise interne. Ce fait nouveau qu’il vient d’inaugurer a surpris plus d’un nigérien. Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé, le colonel Ibrahim Yacouba revient au fond sur cette démission surprise.

Le Républicain : M. le Président, vous venez, à la surprise générale, de démis-sionner de votre poste, 9 mois seulement après votre brillante élection à la tête de la Fédération nigérienne de basket-ball (FENIBASKET). Qu’est-ce qui explique ce départ prématuré ?

Col. Ibrahim : Effectivement , comme vous venez de le dire, il y a aujourd’hui presque 9 mois que nous avons été élu par la dernière assemblée générale élec-tive de la Fédération nigérienne de basket-ball (NDLR : le 26 janvier 2008). A l’époque, nous nous sommes engagés à faire le maximum de don de soi, le maximum d’implication pour que le basket-ball nigérien atteigne les plus hauts niveaux. Notre ambition, c’est de remettre définitivement le basket sur les rails, à travers la formation, l’encadrement et la régularité des compétitions tant nationales qu’internationales. Nous avons voulu à travers cette nouvelle politique, imprimer une dynamique de progression pour notre basket. C’était notre objectif. C’était mon engagement personnel.

Mais il se trouve qu’en même temps que nous sommes aux commandes de la FENIBASKET, nous sommes aussi en-gagés sur d’autres terrains, dans d’autres organisations sociales nationales et internationales. Aujourd’hui, mes engagements et mes responsabilités se sont accrus, tant au niveau du mouvement social au Niger qu’à l’échelon l’international. De ce fait, je ne peux plus, en toute objectivité, donner le meilleur de moi-même et surtout consacrer le maximum de mon temps pour gérer la FENIBASKET. En considérant qu’il y a des femmes et des hommes capables de faire ce travail, en considérant qu’un président doit être impliqué à 100 %, j’ai jugé nécessaire qu’il est de mon devoir de démissionner. Lorsqu’on est élu, on doit tout donner pour réussir. Si vous ne pouvez pas vous consacrer totalement à cette tâche, il dévient plus correct de se retirer. Ce serait indigne de faire semblant lorsque des hommes, des femmes et des clubs vous ont fait entièrement confiance.

Il y a donc de ma part, en démission-nant, un devoir d’honnêteté et de rigueur morale. Lorsqu’on ne peut pas faire un travail à 100 %, il faut quitter. Il n’y a pas de solution ou de comportement intermédiaire. Lorsque, pour ce qui est de mon cas personnel, on n’est pas capable de faire ce travail à plein temps, compte tenu de certaines contraintes objectives liées à mes engagements tant sur le plan professionnel et social au Niger et à l’international, eh bien, il faut tout simplement se mettre en retrait et permettre à la machine de continuer à fonctionner.

Je ne veux pas être ce président de Fédération qui est là juste pour le titre, qui ne produit aucun résultat, qui traîne les pas et relègue la gestion de la fédé-ration à un rang inférieur ou qui bloque la bonne marche des activités parce que toujours absent. Voyez vous, je ne peux m’imaginer être là, en tant que Prési-dent de la FENIBASKET et ne pas pouvoir me consacrer pleinement à la promotion de ce sport que j’aime tant. Il y a un travail énorme qu’il faut réaliser pour promouvoir le basket, tout comme tous les autres sports d’ailleurs. Et ce travail exige du temps et un investissement personnel maximum. Franchement, je ne suis pas aujourd’hui en mesure de me consacrer entièrement à cette mission. Et c’est au regard de tout cela que j’ai dé-cidé de remettre ma lettre de démission. Je le fais d’autant plus aisément que la vice présidente, Dr. Ferdjani conduit aujourd’hui une équipe dévouée et com-pétente.

Je suis convaincu que Dr. Djamila Ferdjani (NDLR : vice présidente de la FENIBASKET) fera le meilleur travail possible à la tête de la fédération. Elle va certainement poursuivre la mission, car avec la réussite éclatante de la 14èmecoupe du Président de la République, tout le monde est unanime pour reconnaître que notre bureau a porté haut le basket ball nigérien.

A présent que vous avez jeté l’éponge, quel sort sera-t-il réservé au bureau fédéral actuel. Dr Djamila Ferdjani va-t-elle poursuivre le mandat de 4 ans comme vous l’avez dit ou des nouvelles élections sont prévues ?

Vous savez, ce bureau fédéral a la particularité d’avoir été élu à l’unanimité des 8 ligues régionales et des clubs. Je sais que cette confiance est intacte, elle n’a pas varié. Elle s’est certainement consolidée, vu le travail abattu en 9 mois. Mon souhait est que cette formidable équipe, désormais dirigée par Dr. Ferdjani aille jusqu’au bout ; c’est à dire continuer et même faire mieux le travail que nous avons commencé ensemble. Ma démission ne bloquera pas les choses, bien au contraire ! J’ai réaffirmé d’ailleurs que je reste là, à leurs côtés, avec eux et toujours prêt à soutenir le basket-ball en particulier et le sport nigérien en gé-néral. J’ai également rassuré le ministre des Sports que le basket-ball nigérien est dans des bonnes mains. Et les bonnes mains, ce sont les membres de l’actuel bureau fédéral. De toutes les façons, une assemblée générale est prévue au dé-but du mois d’octobre prochain pour nous conformer aux statuts types que le ministère de tutelle a élaborés pour chaque fédération. Ça sera certainement l’occasion pour que le bureau fédéral soit réformé. En tout cas, j’ai pleine confiance en tous ces membres capables, déter-minés et aptes à conduire positivement les destinées du basket. Et puis quelle que soit la suite, ce Bureau saura la gé-rer ! Je voudrais enfin profiter de cette occasion pour remercier très sincèrement toutes celles et tous ceux qui, au niveau de la fédération, des clubs et des ligues, des partenaires et des journalistes m’ont soutenu dans ce bout chemin. Et si ma démission les a contrariés, je les prie de me comprendre et de m’en excuser. J’ai également une profonde pensée pour les joueurs qui m’ont accepté et adopté. Merci encore à tous et bonne chance pour la suite…..

Propos recueillis par Ousmane Keïta