26 janvier 2007

MAROC : Entretien avec M. Zehzouhi Mohamed, ex-directeur technique national)

Dans la vie, il y a une croyance, à laquelle n’échappent point les sportifs. Ce sont les fondamentaux qui maintiennent l’équilibre du jeu, entre autres, la réglementation, chose qu’on oublie trop souvent, des règlements souvent mal faits et que depuis l’ère du Dr Yousri Hammouda, on ne finira pas de parler, et chaque saison on modifie, sans préalable, ou encore des promesses, qu’on arrive rarement à réaliser pour une raison ou une autre.

On programme, on fixe des objectifs, mais peu arrivent à terme. Organiser un championnat n’est pas une fin en soi, mais ses dérivés, à commencer par le team national, l’arbitrage, la formation des cadres, la mise à niveau de la discipline. A cet égard, nous avons rencontré M. Zehzouhi Mohamed, ex-directeur technique national, qui à travers l’entretien qu’il nous a accordé, jette la lumière sur plusieurs volets qui touchent l’évolution du basket-ball national :

L’Opinion-Sport : Le fait de changer chaque saison le règlement du championnat ?

Zehzouhi Mohamed : La réussite de toute compétition sportive repose d’une part sur la bonne gestion du règlement qui la régit. Ledit règlement doit connaître une certaine stabilité, d’au moins 4 saisons, afin d’évaluer son impact sur le cours du championnat et donner l’occasion aux équipes pour s’y adapter. Or, le règlement du championnat national, à chaque fois est chamboulé, et par manque de professionnalisme, le fait de le communiquer après (que le championnat a pris son départ) le départ du championnat démontre que les décideurs au sein du bureau fédéral sont en discordance avec la réalité.

L’incorporation du troisième joueur étranger ?

La décision est plus que hasardeuse. Une décision des membres du bureau fédéral, plus motivés par l’intérêt de leurs clubs que par celui du team national. Cette clause, qui est statutaire dans le règlement de la fédération, va pénaliser la formation et l’éclosion du joueur local, qui doit renforcer l’équipe nationale, d’autant que notre pays n’est pas le Qatar qui demain va naturaliser le joueur étranger.

La relégation automatique de deux équipes en fin de saison ?

Il faut rendre hommage aux dirigeants des clubs de deuxième et troisième division, qui par leurs dévouements maintiennent en vie le basket-ball, dans des régions du Nord, de l’Oriental, du Nord-Est, le Sous et le Centre. Mais une division de nationale A de 10 clubs ne peut supporter une relégation de deux équipes d’un seul coup. Cette décision est certainement conditionnée par la promesse faite avant l’assemblée générale à certains clubs de deuxième division. Il faut peut-être envisager à l’avenir une première division à 12 équipes ou les 6 premières disputeront le play-off et les 6 dernières le play-out, ce qui contribuera à la descente du 11ème et du 12ème au profit du premier de la poule Sud et celui de la poule Nord. Mais la décision de cette saison, est plus qu’aventureuse.

Le centre de formation ?

La création d’un centre de formation sportif est une excellente initiative, car elle permet la formation du joueur d’élite qui fera le bonheur de son club et de l’équipe nationale, d’où un championnat de haut niveau. Encore faut-il que le championnat national ne doit pas comprendre de joueurs étrangers, comme c’est le cas en Egypte, Algérie, Tunisie. Mais depuis 4 ans nous avons déjà ouvert le centre de formation « Belle vue » à nos jours, les résultats sont loin des attentes des professionnels de la balle orange. Et voilà, qu’on investit des centaines de millions dans la construction du nouveau centre, qui ne dispose ni de gymnase, ni de salle de musculation, mais d’une piscine, comme si on prépare des joueurs pour le 200 mètres papillon ou autres. Et la dernière proposition d’incorporer un 3ème joueur étranger est en contradiction avec l’objectif de ce nouveau centre.

Le championnat des jeunes ?

Le championnat des jeunes se joue sur la corde raide, par manque d’encadrement (spécialement chez les jeunes), puis les moyens matériels, le plus souvent les Benjamins ,les minis basket, évoluent avec du matériel inadapté à leur catégorie (panier, ballon)... puis, des horaires inadaptés avec le temps scolaire. Sans oublier la possibilité d’accueil des clubs, qui ne disposent pas de terrains suffisants. Dans ce sens, la fédération se doit d’assister et d’accompagner les ligues dans leur programme de formation et de compétition et ne pas se contenter de leur réserver plus d’attention à la veille d’une assemblée générale. D’autant plus que l’actuel B.F comptabilise plus d’un milliard de centimes,et que la subvention de 2M et Arriyadia vient à son tour donner un nouvel élan à la discipline.

L’arbitrage ?

Cette saison, avec le retour de M. Hassan Alami à la commission des arbitres, le corps d’arbitrage connaît un comportement majeur et professionnel.

Dans six mois, le team national affronte la CAN 2007 ?

Durant l’année 2006, l’équipe nationale n’a connu aucune participation internationale,amicale, ou officielle, aussi bien chez les garçons que chez les filles.Il fut un temps où on donnait beaucoup plus d’intérêt à l’équipe nationale,qui reste le vrai miroir au niveau du basket-ball national. Le manque d’objectifs, de directives font que le team national ne répond plus aux attentes du public marocain. Dans moins de six mois ,l’équipe nationale va prendre part à la CAN 2007 qui aura lieu en Angola, mais jusqu’à présent aucun programme de préparation ne filtre à l’horizon.

Le niveau technique du championnat national ?

La valeur d’un championnat est conditionnée par la valeur technique des joueurs qui font le spectacle. Aujourd’hui le niveau est ce qu’il est. Il fut un temps ou les équipes marocaines avec les Dioury, Yousri Hammouda, (CSC), Belgnaoi, Feu Layamni, Cherradi, El Oufir, Houari, Laghrissi (FUS), Alami Hassan, Bouchaib Soussi, Tadili, Cherkaoui (MEC), BelKhatir, M’Khali, Atrouss (USMB), Alaoui, Sebbar, Alami, (WAC) jouaient la Coupe d’Europe des Clubs.

Les Ghissassi, Feu Souary, Lamsyah, Bouhaba (MAS) la coupe d’Afrique.

Aujourd’hui ce n’est plus possible, vu le fossé qui existe. La structure du championnat reste un peu floue, avec une incohérence dans les règlements comme je l’ai soulevé auparavant .

On parle de plus en plus de la mise à niveau du sport national ?

La mise à niveau du basket-ball doit passer par une structure professionnelle de base (infrastructure). Il faut agir auprès de l’Etat et des collectivités locales pour trouver d’autres formes d’aide, cibler les actions tout en restant réalistes par rapport aux moyens qui existent (humains et financiers), responsabiliser les différentes instances sur la gestion des clubs et de la fédération. Le basket est un produit qui se vend bien, reste à savoir comment le commercialiser.

Entretien réalisé par Saïd B.Cherki